Hommage à Romy Guières (1928-2014) de Jean-Daniel Brèque

 Notre Don Breck, alias Jean-Daniel Brèque, est un franc petit kamarade depuis les années 80 à Toulouse où il planchait dans une école administrative, pendant que Pierre-Paul Durastanti y fréquentait plus ou moins assidument la fac d’anglais et Patrick Marcel, plus sérieusement, l’ENAC. Est-ce à dire que la Ville Rose est un beau vivier d’excellentissimes traducteurs ? Parfaitement !

Notre Jidébé traduit (excusez du peu !) Poul Anderson, Margaret Atwood, Clive Barker, Greg Bear, Poppy Z. Brite, Orson Scott Card, Robert William Chambers, Raymond E. Feist, Joe Haldeman, Peter F. Hamilton , Stephen King, Graham Masterton, Lucius Shepard, Dan Simmons, Walter Jon Williams, et j’en passe.
Môssieur a reçu en 1995 le Grand Prix de l’Imaginaire pour ses traductions des romans Ames perdues  de Poppy Z. Brite et Les Larmes d’Icare de Dan Simmons, et en
2008 pour celle du Quatuor de Jerusalem d’Edward Whittemore.
Et sa « petite » dernière traduction vient tout juste de gagner notre étal : L’Epée brisée de Poul Anderson au Bélial’.
Un auteur qu’il connait et chérit particulièrement puisqu’il lui a consacré un essai passionnant : Orphée aux étoiles : les voyages de Poul Anderson chez les  Moutons électriques, et a réuni de lui trois anthologies :  Barrière mentale et autres intelligences, Le Chant du barde et Le Patrouilleur du temps.

Jidébé sait lire
Jean-Daniel Brèque
Mais qu’il est bô notre Jidébé, immortalisé par Nébal lors d’une rencontre en 2008 à la librairie.

Jidébé sait dessiner
jidébé dessine
Photo Philippe Caille à Rambouillet en 1983
Voui, Jean-Daniel usait volontiers aussi du crayon ou du pinceau pour Manticora, Morgoth, Proxima, ou Yellow Submarine. Mais pourquoi n’a-t-il pas continué ?!

Jidébé sait boire
jidébé verre
oh, pardon !

Amateurs de « vieux papiers » goûtus sachez que Jean-Daniel est également directeur littéraire et traducteur de la collection Baskerville aux éditions Rivière Blanche.
Vient de sortir un livre numérique gratuit présentant la collection, Miscellanées baskervilliennes, disponible notamment sur le site des Moutons électriques, c’est par là : moutons-electriques.fr.
Demandez « extrait ».

La biblio de Don Breck sur nooSFère vous montrera qu’il a également enrichi notre patrimoine de nouvelles avec du conjectural dedans au Fleuve Noir, chez Denoël, dans les revues Fiction, Manticora, Ténèbres et Yellow Submarine et dans son recueil Malenfances. Mais pourquoi n’a-t-il pas continué ?! (bis)

Réjouissons-nous donc qu’il ait repris sa propre plume pour nous commettre une galéjade onomastico-toponymique, hommage à notre quartier et notre librairie. Merci Don Breck !

Hommage à Romy Guières (1928-2014)

    Un grand serviteur du Christ vient de nous quitter, sans nul doute à destination du paradis. Revenons, si vous le voulez bien, sur son étonnante et fructueuse carrière.
Inspiré par l’exemple de son illustre prédécesseur Louis Bethléem (1869-1940), qui eut à cœur toute sa vie durant de préserver les consciences de la souillure qui se donnait libre cours dans la littérature de l’entre-deux-guerres, Romain-Guy Guières – que ses proches appelaient du surnom familier de « Romy » – sentit sa vocation s’éveiller en apprenant la proclamation de la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Il était alors âgé de vingt ans à peine et sortait du petit séminaire.Tout pénétré du devoir qui s’imposait à lui, il entreprit alors de partir en croisade vers ce qu’on appelait encore les « illustrés ». Mais ses premières tentatives polémistes, dans diverses revues de patronage, suscitèrent la réprobation de la hiérarchie de l’Église, car le jeune et fougueux abbé s’en prenait à tous les journaux illustrés, sans discrimination. Or, on sait que l’action de la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à la jeunesse était tenue conjointement par les autorités catholiques et des représentants du Parti communiste, qui avaient fait alliance avant tout pour barrer la route aux publications étrangères : ils avaient tué Robinson, ébranlé Mickey, et ils auraient bientôt la peau de Spirou et de Tintin !
S’il ne ménageait pas ses critiques à l’endroit de ces opuscules, l’abbé Romy Guières s’en prenait aussi à Vaillant, remarquant au passage – non sans subtilité – que certaines des séries publiées dans l’hebdomadaire étaient démarquées des séries américaines que la Commission avait réussi à faire interdire. Rabroué par ses supérieurs, il décida de poursuivre sa carrière sous un pseudonyme.
Le Père Gaminières était né.
Hélas ! son style était aisément reconnaissable et ses censeurs n’eurent aucune peine à l’identifier. S’ensuivirent alors des menaces feutrées adressées aux responsables des organes de presse qui avaient eu l’inconscience d’accepter ce sulfureux collaborateur.
La mort dans l’âme, celui qui se voulait le pasteur des âmes dut renoncer à son apostolat.
Mais tout n’était pas perdu : une nouvelle publication, totalement indépendante des autorités de l’Église et animée par des fidèles à l’ardeur sans faille, lui proposa d’apparaître dans ses pages. Mais ses dirigeants ne pensaient pas que les « illustrés » représentaient une véritable menace. À leurs yeux, le cinématographe était un bien plus redoutable broyeur de consciences. Romy Guières entama donc une troisième carrière, fréquentant les salles obscures plutôt que de scruter les revues dessinées.
Et, pour échapper à la surveillance de ses supérieurs, il prit un nouveau pseudonyme et signa désormais l’Abbé des Cinés.

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Pour les étrangers à notre bonne Ville Rose, sachez que la librairie Bédéciné est sise rue Romiguières, qui se prolonge par la rue Pargaminières…

A propos de Sylvie

Gérante de la Librairie Bédéciné

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