Salut les amis,
Comme annoncé lors de nos précédents épisodes voici notre nouvelle chronique comics consacrée cette semaine à ce qui est sans aucun doute l’un de nos gros coups de cœur de l’année, j’ai nommé Punk Rock Jesus !
Certains d’entre vous, tout comme votre serviteur, avaient eu le privilège de découvrir la série lors de sa sortie en singles l’an dernier lorsque Vertigo avaient publié les 6 numéros qui composaient l’intégralité de ce nouveau récit signé Sean Murphy, un auteur que vous avez tout le loisir de découvrir en France dans « Les Dossiers d’Hellblazer » Tome 1, « American Vampire Legacy » Tome 1, « Joe l’aventure Intérieure » ou la publication récente de « Off Road » qui fut la première oeuvre de Murphy.
Autant de récits complets tous publiés par Urban Comics qui fait décidemment un bien beau boulot.
Ici la sortie française est agrémentée d’une dizaine de pages supplémentaires ainsi que de quelques bonus et d’une préface spécifique de Sean Murphy pour cette édition.
Le Pitch est ici assez simple puisque nous allons suivre les aventures du jeune Chris, un jeune garçon qui à l’image du Truman Show va naître puis vivre et grandir sous l’œil des caméras.
A cette distinction près que Chris n’est autre que le clone de Jesus…
Suite a un prélèvement effectué sur le Saint Suaire le Dr Epstein va réussir ce tour de force et le moins qu’on puisse dire c’est que compte tenu du Background du Docteur on est en droit de se demander comment et pourquoi elle a pu accepter de participer à une telle opération…
Là ou le récit est intelligent c’est qu’en plus du récit principal, il va poser les questions éthiques, morales ou encore spirituelles que l’on est légitimement en droit de se poser sans oublier bien entendu la confrontation avec le regard extérieur.
C’est au travers de plusieurs personnages que nous allons voir graviter autour de Chris que Sean Murphy choisit d’évoquer ces différents aspects tout autant que des figures paternelles, maternelles ou autres qui, chacune, vont illustrer les contrastes et les travers d’une société qui même si elle est située en 2019 fait fortement écho à la notre.
L’idée c’est de suivre l’évolution de Chris ainsi que ses rapports avec les différents protagonistes de cette histoire jusqu’au moment ou, peut être (ne dévoilons pas tout) il s’émancipera et s’éloignera de cette image auquel chacun essaie de le rattacher.
En résumé, tout fonctionne ici sur plusieurs niveaux :
– Ce que représente chacun des personnages pour Chris.
– Ce qu’ils représentent chacun du monde extérieur et des questions qui s’y posent.
– Ce que chacun veut voir en Chris ( Profit / Progrès scientifique/ Rédemption personnelle…).
– Une condamnation au vitriol des intégrismes quels qu’ils soient.
Sean Murphy utilise ainsi le personnage de Slate, initiateur et producteur du projet Second Coming ou J2 (Jesus 2) via Ophis une société développant des programmes de télé réalité et qui n’hésite pas à agir de façon extrêmement cynique pour mener à bien son programme.
Il utilise également le Dr Epstein déjà cité puis un autre personnage marquant, Thomas McKael, le Monsieur sécurité de J2, engagé spécialement pour l’occasion et dont le passé trouble lié à l’IRA et aux forces spéciales en fait un candidat à priori improbable.
Enfin, Gwen Fairling, mère de Chris, mère sélectionnée sur mesure pour l’impact médiatique. Sorte de nouvelle Marie sacrifiée avec perte et fracas sur l’autel public jusqu’à ce qu’un choix ultime finisse par s’imposer à elle.
Le récit va ainsi progresser et Sean Murphy de se servir de celui-ci pour qu’au travers de Chris on découvre la vision de l’auteur sur le monde actuel, sur ses errements scientifiques, religieux, ainsi que sur leur manque éthique.
Plus largement il pose la question du « comment grandir dans un environnement qui aujourd’hui se nourrit d’extrême et semble réduire tout ses possibles à un Intégrisme forcené ? ».
Punk Rock Jesus est un récit fort, un récit aux multiples aspects et significations, et un récit qui par des biens aspects fait écho à la vie de l’auteur, catholique lorsqu’il avait imaginé initialement cette histoire voilà plus de dix ans, et devenu athée lorsqu’enfin il s’attela à la tache.
Reste la partie graphique, qui, comme vous aurez pu le constater ici est impressionnante de maitrise et d’intensité. Une maitrise dans le dessin qui s’accompagne également d’un découpage réellement pensé et qui retranscrit parfaitement les différentes étapes dans l’évolution de Chris.
L’esthétique Punk notamment a parfaitement été digéré par Murphy tant la question du look, du design et du comportement sur scène rappelleront à certains les grandes heures du Manchester de la belle époque avec quelques petites références aux sex pistols, aux buzzcocks, aux clash ou encore The fall… (Allez, certains d’entre vous connaissent ces groupes, je le sais ;).
Au final vous l’aurez compris, Punk Rock Jesus est un l’un des meilleurs comics de l’année et plus largement l’un des meilleurs creator-owned de ces dernières années. L’œuvre fondatrice de ce que sera ( espérons le) la longue carrière à venir de Sean Murphy.
Punk Rock Jesus est disponible chez Bédéciné dans ses deux versions.
Version Française : Urban Comics, 19 Euros.
Version Original : Vertigo, 16.99 Euros.
Bien entendu vous ces titres de Sean Murphy sont disponibles aussi bien en Français que dans leur version US ainsi que The Wake, la nouvelle série évènement de Sean Murphy et de Scott Snyder, (série prévue en 10 épisodes « Singles » dont les 4 premiers sont d’ors et déjà parus et sont disponibles dans notre belle Librairie).
En espérant avoir pu vous communiquer un peu de notre enthousiasme sur ce très bon comics et sur les autres oeuvres associées à Sean Murphy, je vous dis à très vite pour notre liste des sorties VO de la semaine puisque celles ci sont arrivées
Guillaume.
Je l’ai dévoré en une soirée! Vraiment du très très bon. Ca va me tenter pour Off road ça
Je suis entièrement d’accord avec toi, j’ai adoré Punk Rock Jesus lorsque je l’ai lu ( en VO) et je me suis empressé d’aller découvrir ce que Sean Murphy avait publié par ailleurs. Off Road est bien également mais il faut bien prendre en compte qu’il s’agit de sa première oeuvre alors qu’il n’avait pas encore fini ses études. Son dessin est moins détaillé, l’encrage plus épais, et l’histoire plus simple puisqu’il s’agit ici d’un récit quasi autobiographique et qui n’ouvre pas sur un regard plus large.
Attention ça reste un chouette comics, mais ça n’est quand même pas au niveau de Punk Rock.
A très vite Benoit, et un super Week-end !
Ps : Merci d’avoir laissé un p’tit commentaire
Guillaume
J’imagine que c’est pas du même niveau mais ça doit bien ce lire vu ce qu’il sorti après ce monsieur
Dans la postface, il en parle d’ailleurs de son voyage avec un pote alors qu’il est chrétien et que c’est à ce moment qu’il a essayé la philosophie athée.
Mais il n’y a pas de quoi pour le p’tit mot, ça fait plaisir
Benoit
Rétroliens : Bédéciné présente les Meilleurs Comics de l’année : Partie 3, les choix de Guillaume !!! | Librairie Bédéciné